L’Islam et le développement global

«Très certainement, Nous vous avons donné place sur terre et Nous vous y avons assigné des vivres. Pour peu que vous soyez reconnaissants !» (Les limbes, 10). «Toute personne, homme ou femme, qui fasse œuvre pie et qui soit croyante, Nous lui assurerons une vie convenable.» Ainsi, le terme développement est, dans l’optique islamique, synonyme de civilisation de la terre et d’instauration d’une vie convenable. Le Très-Haut dit encore : «c’est Lui qui vous a créés de la terre et vous y a investis de la lieutenance», ce qui signifie, d’après les exégètes, qu’il vous a recommandé d’y habiter et de l’urbaniser, la civiliser (= «isti’mar). Ce terme d’isti’mar suppose l’idée d’ordre et de demande, ce qui, pris dans un sens absolu, renvoie certainement à la notion d’obligation. Al Jassas avance, en effet, dans ses Jugements du Coran l’explication selon laquelle Dieu vous enjoint d’aménager la terre par tous les éléments nécessaires à votre existence, soit : de la faire prospérer par l’agriculture et la construction. Ainsi défini, le développement fait figure d’obligation divine, de devoir dont l’homme est tenu de s’acquitter. Abstraction faite du terme proprement dit, l’idée cruciale inhérente à l’optique musulmane est que le développement ressort aux notions dérivées de la lieutenance humaine telle qu’elle fut édictée par le Très-Haut. Mieux, la relation des humains avec l’univers et la nature, loin d’être marquée par une quelconque hostilité ou désir de domination agressive, comme c’est le cas dans la vision occidentale, est plutôt mise sous le signe d’une magnanimité divine consistant à prodiguer les bienfaits et à faciliter l’exploitation des richesses par l’homme. Bref, en vertu du concept de développement en islam, l’homme est envisagé dans tout son être : dans son corps, son esprit comme dans son âme; il s’agit dès lors d’assouvir ses besoins organiques, autant que de satisfaire ses aspirations spirituelles et de favoriser l’élan de son esprit vers la créativité, vers un effort scrupuleusement appliqué à la compréhension des textes de la charia, vers un effort laborieux en quête d’édification et de progrès, afin d’améliorer sa vie matérielle, morale, scientifique et culturelle. Ainsi conçu, le développement en islam ne saurait, en vérité, se ramener à une simple question de prospérité et de bien-être matériels, loin des normes éthiques, des valeurs morales, des cadres sociaux et des préoccupations spirituelles. Bien au contraire, il s’agit d’œuvrer pour un savant équilibre entre le matériel et le spirituel, avec un souci prononcé de modération et de justice sociale, l’accent étant également, harmonieusement mis sur les intérêts particuliers et l’intérêt général, de quoi soigner les droits individuels tout en assurant le bien collectif; les individus sont alors appelés à assumer, tant au niveau matériel qu’au niveau moral, les devoirs et les tâches susceptibles de faire évoluer la société et de l’asseoir sur des bases de progrès et de stabilité. S’agissant de la seconde question, celle des axes majeurs du développement dans la vision musulmane, il convient, à la lumière de l’apport de maintes recherches et théories en matière économique, de les résumer comme suit : 1- former un homme intègre et valide et édifier une société saine en accord avec la nature humaine considérée dans sa globalité. 2- accomplir le devoir de peupler et civiliser la terre suivant une vision globale qui prenne en compte l’ensemble des domaines de la vie. 3- mettre en place tous les équipements nécessaires, notamment les infrastructures économiques, et cela sur la base d’une planification judicieuse et en fonction des possibilités offertes, le souci étant de faire du développement une entreprise durable. 4- œuvrer pour réaliser une vie digne à tout un chacun. 5- veiller à une distribution équitable des recettes et des richesses.

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