Exemples d'altérations dans la bible Part 3


Deuxieme SECTION . - Interpolations


1ère preuve : Sache , lecteur, que huit livres de l'Ancien Testament étaient rejetés par les Chrétiens comme apocryphes jusqu'en 324 de l'ère chrétienne ;ce sont :
1) Esther
2) Baruch
3) Tobie
4) Judith
5) La Sagesse
6) L'Ecclésiastique
7) Et 8) Les deux livres des Macchabées.
En 325 l 'Empereur Constantin convoqua un Concile à Nicée pour décider à l'égard de ces livres ; et après la plus mûre considération, il fut jugé qu'il fallait admettre le livre de Judith, et les autres livres restèrent à l'état d'apocryphes. Ce fait résulte de l'introduction dont Jérôme a fait précéder ce livre. Il y eut ensuite le Concile de Laodicée, qui se réunit l'an 364, et les savants qui y assistèrent admirent les conclusions du Concile antécédent à l'égard du livre de Judith, et y ajoutèrent le livre d'Esther, décision (.lui fut notifié par des lettres encycliques. En 397 il y eut le Concile de Carthage, auquel assistèrent 127 des plus grands savants et des plus distingués docteurs de 1'.epoque, parmi lesquels se trouvait l'illustre Augustin. (.lui passe chez tous les chrétiens pour le plus éminent prélat de son temps. Ce Concile admit les décisions des deux précédents, et, en outre, reconnut la canonicité des autres livres, mais considéra le livre de Baruch comme faisant partie du livre de Jérémie, parce que Baruch était comme vicaire de Jérémie ; par conséquent ce livre ne fut pas porté séparément dans la liste des livres canoniques.
Il y eut ensuite trois autres Conciles, à Trullo, à Florence, et à Trente, qui confirmèrent les décisions des trois Conciles précédents, et ainsi ces livres furent reconnus comme canoniques par la généralité des Chrétiens pendant douze cents ans. Vint ensuite la secte protestante qui rejeta les décisions des Conciles à l'égard des livres de Baruch, Tobie, Judith, La Sagesse, l'Ecclésiastique et les Maccabées, et décida que ces livres devaient être éliminés de la liste des livres canoniques ; et du livre d'Esther, les neuf premiers chapitres et trois versets du 10e chapitre furent admis comme canoniques, et dix versets de ce chapitre, ainsi que six chapitres restants, furent rejetés comme apocryphes. Les Protestants se basent pour cela :
1) Sur ce l'historien Eusèbe a dit dans le chapitre 22 du 4e livre de son histoire que ces livres sont altérés, particulièrement les deux livres des Macchabées ;
2) Sur ce que les hébreux ne les considèrent pas comme inspirés.
Cependant l'Eglise catholique, qui compte beaucoup plus de partisans que le Protestantisme, admet ces livres et croit à leur inspiration. Ils font partie de la Vulgate, qui est tenue en grande estime par les Catholiques, et forme la base de leur religion et de leur croyance. On le voit, des livres qui, pendant 324 ans, avaient été considérés comme corrompus et non inspirés, furent ensuite déclarés canoniques par les nombreux Conciles qui se sont succédés, et admis au nombre des livres inspirés par des milliers de savants chrétiens, et par l'Eglise catholique, qui, jusqu'à ce jour, les conserve dans son canon. Cela démontre que l'opinion des Chrétiens primitifs n'est d'aucun poids. Il y a là d'ailleurs un argument d'une importance capitale pour les adversaires du Christianisme. Les Chrétiens primitifs, en admettant comme canoniques des livres dont le texte est altéré et peu authentique, ont donné preuve d'une telle faiblesse de sens critique qu'il est permis de supposer que les Evangiles, acceptés par eux et transmis à leur postérité, ne sont que les ouvrages apocryphes qui avaient cours alors.
Les Chrétiens des premiers siècles croyaient à l'authenticité de la version grecque, et à la corruption du texte hébraïque, qui aurait été altéré selon eux en 130 de l'ère chrétienne par les Juifs. Malgré cela, l'Eglise grecque et les Eglises orientales continuent de croire à l'authenticité de ce texte. D'autre part, les Protestants renversent la question, et disent de la version grecque, ce que les Grecs disent du texte hébraïque. L'Eglise romaine soutient, de son côte, que la Vulgate latine est le seul texte digne de foi, ce qui est démontré faux par les Protestants. Voici ce que dit Horne dans son Introduction (vol. IV. p. 463, éd. 1822) : "De nombreuses altérations ont été introduites dans la version latine du 5e au 15e siècle". Et plus loin (p. 467 ) . "Il ne faut pas oublier qu'il n'y a point de texte aussi corrompu que celui de la version latine. Les copistes ont souvent transposé des versets entiers et confondu les notes marginales avec le texte".
Si une traduction, aussi généralement connue et adoptée que la version latine, a pu subir de telles altérations, comment espérer que le texte original, qui n'était pas aussi connu, se soit conservé dans son intégrité ? Il est bien probable que ceux qui ont falsifié la traduction aient, pour se garantir, falsifié aussi l'original. Je ne comprends pas que les théologiens protestants n'aient rejeté qu'une partie du livre d'Esther ; ce livre ne mentionne pas une seule fois le nom de Dieu ; il ne fait allusion à aucun de ses attributs, et à aucune de ses lois ; l'auteur en est absolument inconnu, et les commentateurs de l'Ancien Testament l'attribuent, par simple supposition, à l'un des docteurs du Temple qui se sont succédés d'Esdras à Siméon. Philon l'attribue à Joachim fils de Josué, qui retourna de Babylone après la captivité, et Augustin à Esdras luimême. D' autres l'attribuent à Mardochée, quelques-uns disent qu' il fut composé par Mardochée, et par Esther.
On lit dans le Catholic Herald (vol.11. p. 347) : "Méliton n' a pas porté ce livre dans sa liste des livres canoniques, dont parle Eusèbe (Hist. Ecclés. 1V. 26 ) . Grégoire de Nazianze donne dans ses poèmes les noms des livres authentiques de l'Ecriture, mais ne fait aucune mention de celui d'Esther ; Arnphiloque (évêque l'Icone, mort en 396), dans les vers adressés à Séléucus, semble douter de l'authenticité de ce livre ; Athanase, dans sa 3ge Epître, parle avec dédain du livre d'Esther".


2ème preuve : Le vers. 31 du chap. XXXVI. de la 6enèse dit . "Voici les rois qui ont régné dans les pays d'Edom avait qu'il y eût des rois en Israël". Ces paroles ne peuvent être de Moïse, car la royauté ne fut établie parmi les Israélites Que 356 ans après lui. Adam Clarke dit (Com. vol. I. ad.loc.) : "Je crois que Moïse n'a pas écrit ce verset et ceux qui le suivent, jusqu'au 39e ; car ces versets se retrouvent dans le 1er Chroniques (chap. I.) ; il est probable qu'ils avaient été transcrits en marge, et que le copiste les a incorporés dans le texte par mégarde". Ce commentateur reconnaît par conséquent qu'il y a neuf verset interpolés dans le texte sacré.


3ème preuve : Il est dit dans le Deutéronome (III. 14) : Jaïr, fils de Manassé, prit toute la contrée d'Argob jusqu'à la frontière des 6uescuriens et des Mahacathiens, et donna son nom au pays de Basçan en l'appelant les bourgs de Jaïr (Baschon-havoth-Jaïr), nom qu'ils ont eu jusqu'à ce jour". Ces paroles ne peuvent pas avoir été écrites par Moïse, car l'auteur doit avoir vécu longtemps après Jaïr, comme l'indiquent les mots "jusqu'à ce jour". Horne dit à ce propos (Intr. vol. I.) : "Des paroles ne peuvent pas avoir été écrites par Moïse, mais cela ne doit pas diminuer notre confiance dans les Ecritures. Moïse doit avoir écrit seulement, il les appela de son nom, Baschonhavoth-Jaïr, et les copistes postérieurs ajoutèrent en marge les paroles jusqu'à ce jour (c'est-à-dire, nom qu'ils ont conservé jusqu'à ce jour), par manière d'éclaircissement, mais plus tard on les incorpora dans le texte".
Ainsi, Horne avoue que Moïse ne peut pas être l'auteur de ces derniers mots. Ce n'est, cependant, que par une hypothèse toute personnelle, qu'il explique cette altération du texte primitif, mais elle implique, de sa part, un aveu tacite que les Ecritures ont pu être altérées. par erreur du copiste, ou autrement, quelques siècles après la rédaction originale, et les paroles "mais cela ne doit pas diminuer notre confiance dans les Ecritures", ne prouvent rien autre sinon qu'il y a chez ce critique un parti pris qui veut qu'on croie quand même Le Commentaire de Henry et Scott dit à son tour . "Les derniers mots ont été certainement ajoutés, par une main étrangère, bien après Moïse. On pourrait les omettre sans inconvénient". Ce ne sont pas seulement les derniers mots, c'est le verset tout entier qui ne peut être de Moïse, ainsi que l'avoue Horne.
Indépendamment de l'interpolation, dont il s'agit ici, il y a dans le texte une autre erreur ; c'est que Jaïr n'est pas fils de Manassé, mais de Ségub, ainsi qu'il est dit dans 1er Chroniques II. 22.


4ème preuve : On lit dans le livre des Nombres (XXXII. 41) : " Et Jair, fils de Manassé, alla et prit leurs villes et les nomma Havoth-Jaïr, c'est-à-dire ; villes de Jair ".
On doit faire ici la même observation que pour le passage précédent du Deutéronome. Je lis dans le " Bible Dictionary", ouvrage de Calmet, achevé par C. Taylor et publié en Amérique et en Angleterre : "On trouve dans les livres écrits par Moïse quelques passages qui ne peuvent pas être de lui, par exemple : Nomb. XXXII. 41, Deutér. III. 14 . d'autres dont le style diffère de celui de Moïse. Sans affirmer que ces passages sont d'une main étrangère, nous dirons cependant qu'il est tout au moins probable qu'ils aient été ajoutés pas Esdras. (Cf Esdras IX. X., Néhém. VIII.). Ces savants affirment que quelques passages du Pentateuque ne sont pas de Moïse, mais sans pouvoir en indiquer les auteurs ; ils les ont attribués gratuitement à Esdras ; cette supposition n'a aucune valeur, car rien dans les chapitres auxquels ils renvoient, n'autorise à la faire ; car aux deux chapitres d'Esdras il est parlé de la douleur de ce prophète pour les péchés des Israélites (en épousant des étrangères), et du repentir de ces derniers, et dans celui de Néhémie il est parlé de la manière dont se fit la lecture de la Loi.


5ème preuve : On lit (Genèse XXII. 14) ce qui suit : "comme il est dit encore aujourd'hui : 'En la montagne de l'Eternel il y sera pourvu ". Or cette montagne ne reçut le nom de montagne de l'Eternel, qu'après la construction du Temple par Salomon, 450 ans après la mort de Moïse. Adam Clarke, dans son Introduction au Commentaire sur Esdras, considère ce passage comme interpolé. "Cette montagne", dit-il, "ne fut généralement connue sous ce nom qu'après que le Temple y fut construit".


6ème preuve : Le 12e verset du 2ème chap. du Deutér. dit : " A Saïr demeuraient auparavant les Hourim, mais les enfants d'Esaü les en chassèrent et les détruisirent de devant eux et s'établirent à leur place, ainsi que l'ont fait les enfants d'Israël dans la terre qui leur avait été donnée en héritage ". Adam Clarke dit, dans l'Introduction déjà citée, que ce verset est interpolé, il en donne pour preuve les mots "ainsi que l'ont fait les enfants d'Israël.


7ème preuve : Le 11e verset du 3e chap. du Deutér. dit . " Car Og, roi de Bassan, était le seul du reste des géants ; voici son lit, un lit de fer, n'est il pas à Rabbathammoun (Rabba des fils d'Ammon). Sa longueur est de 9 coudées, sa largeur de 4 coudées en coudées d'homme ". Adam Clarke (loc. cit ) dit qu'un examen attentif de la fin de ce passage, démontre que ce verset a été écrit longtemps après que ce roi fut tué, et non par Moïse, qui mourut cinq mois après cet événement.


8ème preuve : Il est dit dans les Nombres (XXI. 3) : "Et l'Eternel exauça la voix d'Israël, et il livra entre ses mains les Cananéens, qu'il détruisit à la façon de l'interdit, avec leurs villes, et il nomma le lieu Horma ". Adam Clarke (ad.loc) dit : "Ce verset a été ajouté après la mort de Josué, parce que les Cananéens ne furent complètement détruit qu'à une époque postérieure à la mort de Moïse".


9ème preuve : Le verset 35 du 16e chap. de l'Exode : " Et les enfants d'Israël mangèrent la manne, pendant 40 ans, jusqu'à ce qu'ils furent parvenus au pays où ils devaient habiter ". Ces expressions ne sont pas de Moïse, car la manne n'a pas cessé de son vivant, et ils n'entrèrent dans le pays de Canaan qu'après sa mort. Adam Clarke dit (ad. Loc.) : "L'opinion générale à l'égard de ce verset est que l'Exode a été écrit après que Dieu retira la manne aux enfants d'Israël ; mais il est possible qu'Esdras ait ajouté ce passage". Je dis que l'opinion générale est correcte, et l'opinion du commentateur qui ne se base que sur des conjectures n'est pas admissible. Ce qui est vrai, c'est que les cinq livres attribués à Moïse n'ont point été composés par lui ; comme nous l'avons démontré dans le l ère partie.


10ème preuve : Le 14e verset du 2le chap. des Nombres dit : " C'est pourquoi il est dit au livre des guerres du Seigneur . De même qu'il a fait dans la mer de Soupha, de même il fera dans les torrents d'Arnon ". Ces expressions ne peuvent être de Moïse ; elles démontrent, au contraire, qu'il n'est pas l'auteur du livre des Nombres ; car cet auteur a retracé ce qui se trouve dans le livre des guerres du Seigneur, dont l'auteur, l'époque, et le lieu sont absolument ignorés. Ce livre est pour les Hébreux et les Chrétiens comme cet animal fabuleux (Phénix), dont on prononce le nom sans qu'on l'ait jamais vu ; en effet, ils ne le possèdent pas. Adam Clarke dit, dans sa préface au Commentaire de la Genèse, que ce verset est interpolé, puis il ajoute . "Ce qui paraît le plus probable c' est que le passage , du livre des guerres du Seigneur' était en marge, et que par la suite on l'a incorporé dans le texte".
C'est un aveu que leurs livres étaient susceptibles d'altérations, car à son dire les paroles en marge furent incorporées dans le texte, et la chose se généralisa par les copies qu'on en fit dans la suite.


11ème preuve : Le nom d'Hébron dans la Genèse (XIII. 18, XXXV. 27, XXXVII.14) est le nom d'un village qu'on appelait précédemment Kariat Rabâ ; il fut donné par les Israélites, eux-mêmes, après leur entrée en Palestine sous Josué, comme il est dit au chap. XIV. du livre qui porte son nom. Ces versets ne peuvent donc pas être de Moïse, mais bien d'un individu qui aurait vécu à une époque postérieure à l'entrée en Palestine, et au changement du nom primitif De même dans le 14e verset du 14e chap. de la Genèse, il y a le nom de Dan, petite ville qui ne fut fondée que du temps des Juges. Or, après la mort de Josué les enfants d'Israël conquirent la ville de Leith, et en tuèrent les habitants. Ils la brûlèrent, et à sa place fondèrent une nouvelle ville à laquelle ils donnèrent le nom de Dan. Ce fait est prouvé par le 18e chap. du livre des Juges ; il s'en suit que ce verset aussi n'est pas de Moïse. Horne dit : "Il se peut que Moïse ait écrit les villages de Rahâ et Leith, et quelques copistes aient altérés ces passages en adoptant Hébron et Dan'.
Il est étonnant que des gens, doués d'une aussi haute intelligence, soient réduits à faire usage de ces futiles arguments, tout en avouant les altérations, ce qui prouve qu'ils reconnaissent leurs Livres Saints comme ayant été susceptibles de corruption.





_________________________ La suite ______________________






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