Pour briser sa coque

Pour briser sa coque, pour grandir, une graine a besoin de l’eau de pluie vivifiante. A défaut, il n’y a pas de croissance, pas d’arbre, pas de fruit. Cette eau du ciel, sans laquelle rien ne peut se transformer, c’est le maître spirituel vivant qui l’apporte. Sa présence sanctifiée et autorisée vivifie le cœur du disciple. En étant relié à un maître spirituel authentique, chacun des actes du disciple laissé dans le chemin de Dieu, c’est à dire en recherchant l’excellence du comportement, est alors recouvert d’une eau bienfaisante et transformatrice. Cette eau céleste et transformante est une Grâce divine toute particulière.Elle ne peut émaner que de certains êtres qui ont reçu l’autorisation de soigner et éduquer les âmes. Elle est parfois appelée es-sirr, c’est à dire littéralement « secret « parce que par essence elle ne peut être communiquée et transmise que de cœur à cœur. Et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle se transmet depuis l’origine. Cette Grâce toute particulière éveille le cœur, le regard du disciple à la Présence de Dieu en toute chose. Si bien qu’on peut dire que ceux qui suivent la voie sont comme : « ceux qui dépensent leurs biens avec le désir de plaire à Dieu et pour affermir leurs âmes, (ils) ressemblent à un jardin planté sur une colline : si une forte pluie l’atteint, il donnera deux fois le double de fruits ; si une forte pluie ne l’atteint pas, la rosée y suppléera « (Coran II, 265). Le Maître spirituel vivant est comme cette colline dont nous parle le Coran. Les terres qu’elle porte sont, grâce à sa présence, élevées en un lieu particulièrement bien exposé et favorable aux irrigations célestes. L’aridité des terres est devenue impossible, elles donnent toutes abondamment parce que la colline met un terme à la stérilité du désert. On peut ainsi constater que la recherche de l’excellence du comportement permet finalement de créer les conditions d’une réceptivité à quelque chose. Un quelque chose qui est étranger au monde du disciple, étranger au monde tout entier et qu’on ne peut découvrir qu’en l’expérimentant, qu’en le goûtant : c’est la saveur de l’éducation spirituelle. Préférer autrui à soi-même ! Voilà une attitude tellement simple à décrire en quelques mots et qui pourtant, si elle est pratiquée à la lumière de l’enseignement d’un saint autorisé, peut se révéler une clé de la quête de Dieu. Préférer autrui à soi-même dans le contexte bien précis de la présence spirituelle d’un Maître, n’est donc pas du tout une servitude de l’homme à l’homme, mais bel et bien une servitude du cœur à la Vérité. Il s’agit là au contraire du secret suprême de la liberté. C’est par l’offrande des œuvres que l’on affine sa sincérité. Ce ne sont pas nos actes qui conduisent à la Vérité, mais ce sont nos actes habités par nos intentions, notre orientation vers Dieu, qui nous disposent à recevoir la Vérité.

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