Adonne-toi au jeûne, car il n’a pas de semblable

Le Législateur énonce à l’encontre du jeûneur une interdiction qui marque elle-même un abandon et une qualification négative, en disant: «qu’il s’abstienne de propos indécents et de cris». Il n’a pas ordonné un acte mais interdit que l’on accomplisse certains actes. Comme le jeûne est une abstention, il y a ici une relation significative entre lui et ce qui est ainsi défendu au jeûneur. Puis, on a ordonné à ce dernier de dire à celui qui l’insulte ou s’en prend à lui: «Je suis jeûneur !», c’est-à-dire «dans un état où j’abandonne cet acte que tu accomplis toi, ô toi qui t’en prends à moi et qui m’injuries!» Sur l’ordre de son Seigneur, il s’élève (nazzaha) au-dessus de la riposte et annonce qu’il l’abandonne, autrement dit qu’il n’y a chez lui ni insulte ni volonté de combattre. Il a dit ensuite: «Par Celui qui tient l’âme de Mohamed en Sa Main...»: formule de son serment «... en vérité l’haleine qui sort de la bouche du jeûneur...» c’est-à-dire l’altération de l’odeur de sa bouche qui apparaît uniquement par l’expiration (tanaffous), en l’occurrence celle que le jeûneur vient d’émettre avec cette parole parfumée qu’il a reçu l’ordre de dire: «Je suis jeûneur !» ; cette parole, ainsi que tout souffle émanant du jeûneur, «... sera plus parfumée au Jour de la Résurrection...», «le jour où les hommes seront debout devant le Seigneur des mondes» (Cor.83,6), «... pour Allah...» : il a employé le Nom synthétique qualifié par tous les Noms divins ; c’est le Nom qui n’a pas de semblable car personne, à l’exception d’Allah -gloire à Sa transcendance !- ne peut le porter : il correspond donc bien au jeûne qui, lui aussi, n’a pas de semblable ; «... que le parfum du musc» :il s’agit d’une chose réelle que perçoit celui qui la sent et dont jouit celui qui a une nature saine et équilibrée ; cependant, l’haleine du jeûneur est pour Allah plus parfumée encore. En effet, Il perçoit les odeurs d’une autre manière que celui qui les perçoit au moyen des sens; ce qui est, pour nous, une mauvaise haleine est pour Lui -qu’Il soit exalté !- une odeur plus parfumée que celle du musc car elle émane d’un être qui n’a pas de semblable. Une bonne odeur n’est pas l’autre. Celle qui procède du jeûneur découle de sa respiration (tanaffous) alors que celle qui émane du musc ne procède pas de la respiration du musc ! De manière figurée, la Loi sacrée a attribué au jeûne la perfection suprême en rapportant que Dieu lui a réservé dans le Paradis une porte spéciale à laquelle Il a conféré un nom spécial impliquant la perfection. Les jeûneurs y entrent en effet par une porte appelée «ar-Rayyân»; or, ar-rayy occupe, en matière de breuvages, le degré de la perfection. Tant que ce degré n’est pas atteint, il s’agit nécessairement d’autre chose : lorsqu’il l’est, il y a saturation et il n’est plus possible d’absorber quoi que ce soit, qu’il s’agisse ou non d’une terre peuplé d’êtres vivants. Mouslim rapporte ce hadîth, transmis par Sahl Ibn Said: l’Envoyé d’Allah a dit: «En vérité, il y a dans le Paradis une porte appelée ar-Rayyan: c’est par elle qu’entreront les jeûneurs au Jour de la Résurrection; personne d’autre n’y entrera avec eux. L’on dira: «où sont les jeûneurs, pour qu’ils entrent par elle?» Lorsque le dernier d’entre eux sera entré, elle sera fermée et plus personne n’entrera plus par là». Il n’a dit cela pour aucune oeuvre ayant fait l’objet d’un ordre ou d’une défense à l’exception du jeûne. Il a montré clairement, par cette mention d’ar-Rayyan, que les jeûneurs atteignent la perfection dans le domaine des oeuvres d’adoration: ils se sont qualifiés, nous l’avons dit, par ce qui n’a pas de semblable et ce qui n’a pas de semblable est en réalité parfait. Ceux d’entre les Connaissants qui sont «jeûneurs» y entrent (par cette porte) dès maintenant (de manière cachée) et ils y entreront (dans la vie future) d’une manière dont toutes les créatures auront connaissance

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