Le procédé de la prière

Avant de donner de plus amples développements en rapport avec les prescriptions (farâ’id s. farîda) et la tradition (Sunna), exposons ci-dessous les grandes lignes des actes à accomplir dans les prières. Signalons, tout d’abord, que chaque office se compose soit d’une rak‘a, de deux, de trois ou de quatre rak‘as. Chacune d’elles comprend une inclinaison (rukû‘) et deux prosternations (sujûd).
Abu Hurayra rapporte ce fait relatif à la pratique de la prière: Un homme entra à la Moquée et fit la prière. Puis se dirigea vers l’Envoyé de Dieu qu’il salua. Après lui avoir rendu son salut, il lui dit: “Retourne faire ta prière car en vérité tu ne l’a pas accomplie”. L’homme effectua trois fois la même prière sans résultat positif et finit par dire au Prophète r: “Par Celui qui t’ a envoyé avec la Vérité, il n’y a pas meilleur que toi pour m’enseigner la manière de prier”. Ce fut alors que l’Envoyé de Dieu lui donna ces explications:
“Quant tu te lèves pour prier, commence par Allâhu Akbar, puis lis ce qui t’est aisé de réciter du Coran et ensuite incline-toi jusqu’à ce que tu te sentes apaisé dans cette position. Après, relève-toi jusqu’à ce que tu te tiennes droit et prosterne-toi jusqu’à ce que tu te sentes tout à fait serein dans ta prosternation. Redresse-toi et assieds-toi de sorte à éprouver la tranquillité. Prosterne-toi de nouveau dans les mêmes conditions. C’est ainsi que tu t’acquitteras de toutes tes prières”.
Reprenons ce hadîth et développons chacune de ses parties: Signalons au préalable que l’orant qui pénètre chaque fois dans une mosquée est tenu de s’acquitter de deux rak‘a avant même de s’asseoir.
1. La prière du çubh (le matin):
Au début de la prière du matin et de toutes les autres, l’orant lève ses mains à la hauteur des épaules ou légèrement plus haut et prononce le takbîratu-l-’ihrâm qui consiste à dire:
Allâhu Akbar (Dieu est le plus Grand):
* L’orant récitera, à haute voix pour l’homme et à voix basse pour la femme, la Fâtiha (l’Ouverture). Il n’est pas nécessaire de faire précéder cette lecture par l’énoncé de la basmala (Bismi Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm). Aussitôt terminée, il dira: “Amîn”, qu’il prie seul ou derrière un imâm.
*Il fera suivre la Fâtiha d’une sourate de son choix, que l’orant récitera également à voix haute tandis que la femme le fera à voix basse. S’il connaît bien le Coran, il est recommandé de réciter celle d’entre les plus longues du mufaççal qui commencent à partir du chapitre intitulé “al-Hijar”.
*Dès qu’il en aura fini avec cette lecture, il dira: “Allâhu Akbar” et s’inclinera (rukû‘). A cet effet, il posera ses mains sur les genoux, se penchera sans voûter complètement le dos et fixera le sol. Au cours de cette phase, il pourra dire trois fois: çubhâna Allâh al- ‘azîm, wal hamdu li Llâh (Gloire à Dieu, le Très-Puissant et que Sa louange soit proclamée):
* Il se redressera ensuite et se tiendra immobile en disant: sami‘a Allâhu liman hamidah (Dieu entend celui qui Le loue) seulement s’il prie seul. Il fera suivre cette formule par cette autre : Rabba-nâ wa la-ka l-hamd (Notre Seigneur, à Toi est adressée la louange):
S’il prie en groupe, il ne prononcera pas la première formule. Il laissera l’imâm le faire. Il lui appartient alors de lui répondre par la seconde formule.
* Après la récitation de ces deux formules, sans s’asseoir, il se prosternera (sujûd). A cet effet, il placera ses deux mains, et non pas les bras, à hauteur des oreilles et posera le front et le nez contre le sol..
Pendant la prosternation, il pourra dire s’il le désire: “subhânaka Rabbî, zalam-tu nafsî, wa ‘amil-tu sû’an, faghfir lî khatâyâya” (Gloire à mon Seigneur, j’ai commis des iniquités à mes dépends. Pardonne-moi mes fautes.)
* Il se redressera en disant: “Allâhu Akbar” et s’assoira, les deux pieds en position horizontale et repliés sur les cuisses. Il posera ses deux mains sur ses genoux. Après quoi, il effectuera la seconde prosternation dans les mêmes conditions.
* La première rak‘a, étant achevée, il se lèvera complètement et se mettra debout en position verticale en disant encore “Allâhu Akbar”. Après cela, il entamera la rak‘â suivante de la même manière que la précédente, à cette différence qu’il prononcera, après la récitation de la Fâtiha et d’une sourate, le qunût dont voici la formule:
“Allâhumma, innâ nasta ‘înu-ka, wa nastaghfiru-ka, wa nu’minu bi-ka, wa natawakkalu ‘alay-ka, wa nakh-sha‘u la-ka, wa nakh-la‘u, wa natruku man yakfuru-ka. Allâhumùma, iyyâ-ka na‘budu, wa la-ka nuçallî, wa nasjudu, wa ilayka nas’â, wa nah-fidu, wa narjû rahmata-ka, wa nakhâfu ‘adhâba-ka al-jadda, inna ‘adhâba-ka bil kâfirîna mulhiqun”.
“Ô Seigneur, nous Te demandons Ton aide et Ton pardon. Nous croyons en Toi. Nous plaçons notre confiance absolue en Toi. Nous éprouvons à Ton égard une crainte pieuse. Nous nous écartons de tous ceux qui ne croient pas en Toi. Ô mon Dieu, c’est Toi que nous adorons. C’est pour Toi que nous prions et que nous nous prosternons. C’est vers Toi que nous oeuvrons et nous Te servons avec promptitude. Nous espérons Ta miséricorde et craignons Ton dur châtiment. Certes, Ton châtiment atteindra les mécréants”.
* Après la seconde prosternation de la deuxième rak‘a, il s’assoira comme il a été indiqué plus haut et récitera le “tashahhud”. A cette effet, il placera ses deux mains sur ses deux genoux. Il pointera son index droit, indiquant par là qu’il croit en un Dieu Unique. Voici la formule (A) :
“Les salutations à Dieu, les oeuvres salutaires pour Dieu, ainsi que les prières et toutes les bonnes qualités. Que le Salut soit sur toi, ô Prophète r, ainsi que la Miséricorde de Dieu et Ses bénédictions ! Que le salut soit sur nous et sur les vertueux serviteurs de Dieu ! Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu Unique et sans associé. Je témoigne que Muhammad est Son serviteur et Son Envoyé”.
A : “At-Tahiyyâtu li Llâhi, az-zâkiyâtu li Llâhi, at-tayyibâtu aç-çalawâtu li Llâhi. As-Salâmu ‘alay-ka Ayyu-hâ an-Nabiyyu wa rahmatu Llâhi wa barâhatu-hu. As-salâmu ‘alay-ka wa ‘alâ ‘Ibâdi-Llâhi aç-çâlihpina. Ash-hadu An lâ ilâha illâ Llâhu wahda-hu, lâ sharî-ka la-hu. Wa Ash-hadu anna Muhammadan ‘Abdu-hu wa rasûlu-hu”.
A ce stade, l’orant achève sa prière par le salut. Cependant, s’il le veut, il peut ajouter d’autres formules à la suite de cette dernière. En voici quelques unes:
“Je témoigne que ce qu’a apporté Muhammad est la Vérité, que le Paradis est réel, que l’Enfer est vrai, que l’Heure est un Signe qui ne prête à aucun doute, que Dieu ressuscitera ceux qui sont dans les tombes. Ô mon Seigneur, répand Tes bénédictions sur Muhammad et sur la famille de Muhammad, accorde miséricorde à Muhammad et à la famille de Muhammad de la même manière que Tu as répandu Tes grâces sur Abraham et sur la famille d’Abraham, que Tu leur as accordé miséricorde et que Tu les as bénis d’entre les créatures des univers ! A Toi la louange et la gloire !
“Ash-hadu anna alladhî jâ’a bihi Muhammad haqqun, wa anna al-Jannata haqqun, wa anna Annâra haqqun, wa anna as-sâ‘ata âyatun lâ rayba fî-hâ, wa anna Allâha yab‘athu man fîl qubûr. Allâhumma, çalli ‘alâ Muhammadin wa ‘alâ âlî Muhammadin, warham Muhammadan wa âla Muhammadin, wa bârik ‘alâ Muhammadin wa ‘alâ âli Muhammadin, kamâ çalayta wa rahimta wa bârakta ‘alâ Ibrâhîma wa ‘alâ âli Ibrâhîma fîl ‘âlamîna. Inna-ka hamîdun, majîdun”.
“Seigneur, pardonne-nous les péchés que nous avons commis, ceux relatifs aux devoirs remis à plus tard, ceux que nous n’avons pas dévoilés, ceux que nous avons affichés publiquement ainsi que les fautes dont Tu as connaissance mieux que nous”.
“Seigneur, accorde-nous un bienfait en ce monde, un bienfait dans la vie dernière ! Préserve-nous du châtiment du Feu ! Je me réfugie auprès de Toi contre la séduction de la vie, l’esprit de révolte contre la mort, les tourments de la tombe et le châtiment de l’Enfer”.
“Allâhumma ghfir la-nâ mâ qaddam-nâ, wa mâ akhkhar-nâ, wa mâ asrarnâ, wa mâ a‘lannâ, wa mâ anta a‘lamu bihi minna.”
“Rabbanâ âtinâ fî d-dunyâ hasanatan, wa fî l-âkhirati hasanatan, wa qinâ ‘adhâba nnâri, wa a‘ûdhu bika min fitnati l-mahyâ wa l-mamâti, wa min fitnati l-qabri, wa min ‘adhâbî n-nâri.”
* Après cela, il prononcera le salut final “Que le salut soit sur vous” (as-salâmu ‘alaykum) : A cet effet, il regardera devant lui, puis il tournera la tête à droite, s’il prie seul. S’il s’acquitte de la prière en groupe, il exprimera le salut après l’imâm, une première fois en tournant la tête à droite et une seconde fois en la tournant vers l’orant placé à sa gauche.
Il est recommandé aussi bien pour la prière du matin que pour toutes celles de la journée de faire le dhikr qui consiste à dire trente fois chacune de ces formules, soit quatre vingt dix-neuf fois:
1. subhâba Llâh, 2. al-hamdu li-Llâh, 3. allahu akbar;
Ces trois formules se concluent par ce témoignage qui s’énonce qu’une seule fois: “Il n’y a pas d’autre divinité que Dieu l’Unique et sans associé. A Lui le Royaume, à Lui la louange. Il est Tout-Puissant.
Lâ ilâha illâ Llâh, wahdahu, lâ sharîka lahu. Lahu l-mulku, lahu l-hamdu wa huwa ‘alâ kulli shayïn qadîr.
Si l’orant le veut, il peut poursuivre le dhikr jusqu’au lever du soleil. Il est bien entendu que cette pratique n’a rien d’obligatoire.
2. La prière du dhuhr (milieu du jour) et du ‘açr (après-midi)
Ces deux prières comportent chacune quatre rak‘a. La lecture se fera du début jusqu’à la fin à voix basse. Au cours de chacune des deux premières rak‘a, l’orant récitera la Fâtiha et une autre sourate.
Il procédera de la même manière que pour la prière du matin. Après avoir terminé ces deux rak‘a, il s’assoira et dira la formule (A) du tashahhud.
Ensuite, il se lèvera et après le takbîr, il accomplira les deux dernières raka’ât mais cette fois-ci en récitant seulement la Fâtiha. Il accomplira alors l’inclinaison et la prosternation selon les indications ci-dessus.
A la fin, dans une position assise, il lira encore le tashahhud selon la formule (A) et ajoutera les autres s’il le désire. Ensuite, il prononcera le salut final.
Après la prière de midi, l’orant s’acquittera des prières surérogatoires. Elles se composent d’abord de deux rak‘a et se terminent par le salut final. Ensuite, de deux autres rak‘a et se conclut par le salut final. Comme pour la prière légale et selon le même procédé, il lira la Fâtiha et une sourate.

Il procèdera de la même manière avant la prière de l’après-midi.
3. La prière du maghrib (le soir):
Cette prière comprend trois rak‘a. Pendant les deux premières, l’orant récitera à haute voix la Fâtiha et une autre sourate. La femme fera sa lecture à voix moins haute.
Après le tashahhud, il se redressera et effectuera la troisième rak‘a en récitant à voix basse uniquement la Fâtiha. Les actes à accomplir sont identiques à ceux des prières précédentes.
Après la prière du soir, l’orant s’acquittera des prières surérogatoires comme il l’a fait pour les prières du milieu du jour et de l’après-midi. Dès lors que cette pratique est très recommandée entre le maghrib et le ‘ishâ, il est utile d’accomplir jusqu’à six rak‘a.
4. La prière du ‘ishâ (la nuit) :
Cette prière comprend quatre rak‘a. L’orant procède de la même manière que pour la prière du milieu du jour et de l’après-midi, avec cette différence que la récitation de la Fâtiha et d’une autre sourate se fera à voix haute comme pour la prière du soir. Là également, la femme récitera les sourates à voix moins haute.
Quant aux deux autres rak‘a, séparées des deux premières par le tashahhud, la lecture se fera à voix basse aussi bien pour l’homme que pour la femme.
La prière surérogatoire de la nuit comprend deux rak‘a, appelée ash-shaf‘, et une troisième nommée al-witr.
Pour les deux premières, il est recommandé de réciter outre la Fâtiha :
* Dans l’une, la sourate 87 : “Le Très-Haut” (Sabbîh Ismâ Rabbika al-a‘lâ),
* Dans l’autre, la sourate 109 intitulée “Les mécréants” (Qul : yâ ayyuhâ l-kâfirûna).
Pour la troisième, il est recommandé de réciter, outre la Fâtiha, les trois courtes et dernières sourates du Livre sacré:
* “La religion foncière” (al-Ikhlâç) : qul huwa Allâhu Ahad.
* “Le Point du jour” (al-Falaq) : Qul a‘ûdhu bi Rabbi l-falaqi
* “Les hommes” (an-Nâs): Qul a‘ûdhu bi Rabbi n-nâsi.
La meilleure des dévotions se pratique la nuit. C’est pourquoi, si l’orant n’est pas gagné par le sommeil, il est louable qu’il s’acquitte de plusieurs prières surérogatoires. Par contre, s’il venait à dormir et à se réveiller très tôt, il pourra à ce moment entreprendre les partiques surérogatoires avant la prière de l’aube, en n’oubliant pas que toute prière est détestable après celle du fajr.

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