Le jeûne, au-dessus des oeuvres d’adoration

au-dessus des oeuvres d’adoration Sache -qu’Allah te secoure !- que le jeûne, c’est l’abstinence (imsak) et l’exaltation (rif’a). On dit du jour qu’il «jeûne» (sâma) lorsqu’il culmine. Imru-l-Qays a dit: lorsque le jour s’éloigne et «jeûne», c’est-à-dire lorsqu’il atteint son sommet. Le jeûne a été appelé ainsi parce qu’il s’élève en degré au-dessus de toutes les autres oeuvres d’adoration. Il l’a élevé -gloire à Sa transcendance !- en niant toute ressemblance entre lui et ces œuvres, ainsi que nous le redirons. En outre, Il l’a retranché de Ses serviteurs et Se l’est rapporté à Lui-même. Il a placé la récompense de celui qui se qualifie par lui dans Sa propre Main et l’a fait Sienne. Il a rattaché le jeûne à Lui-même, en lui niant toute ressemblance ! Le jeûne n’est pas un acte mais l’abandon d’un acte (tark). La négation de toute ressemblance est elle-même un attribut négatif, ce qui renforce l’analogie entre le jeûne et Allah. Le Très-Haut a dit à Son propre sujet: «Rien ne Lui est semblable» (Cor.42, 11); Il a nié qu’Il puisse avoir un «semblable». Aussi bien l’intellect créé que la Loi sacrée indiquent qu’Il n’a -gloire à Sa transcendance !- aucun semblable. Nasâ’î rapporte cette parole d’Abû Umâma : «Je m’approchai de l’Envoyé d’Allah -qu’Allah répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix !- et lui dis: «Donne-moi un ordre que je prendrai directement de toi !» Il répondit ! «»Adonne-toi au jeûne, car il n’a pas de semblable’’». Il a nié que puisse lui être comparée une œuvre quelconque de celles que Dieu a prescrites à Ses serviteurs. Celui qui sait que le jeûne est un attribut négatif, puisqu’il consiste à s’écarter des choses qui pourraient le rompre, sait avec certitude qu’il n’a pas de semblable : en effet, il n’a pas d’essence propre pouvant revêtir une qualification de réalité (wujud) intelligible pour nous. C’est pourquoi Allah le Très-Haut a dit aussi: «Le jeûne M’appartient». Il ne s’agit, en réalité, ni d’une œuvre d’adoration ni d’un acte (‘amal). Le mot «acte» comporte, quand on le lui applique, une certaine impropriété, tout comme le terme «existant» (mawjud) appliqué à Dieu tel que le comprend l’Intelligence humaine ; en effet, sa réalité (wujud) tient à Son Essence (dhatu-Hu) et ne peut Lui être attribuée de la même façon qu’à nous. Le Recueil de Mouslim rapporte, d’après Abou Hourayra, cette parole du Prophète -sur lui la Grâce unitive et la Paix divine !- : «Allah -qu’Il soit glorifié et magnifié !- a dit: «Tout acte du fils d’Adam lui appartient à l’exception du Jeûne, car celui-ci est à Moi et c’est Moi qui en paie le Prix. Le jeûne est un bouclier. Si l’un d’entre vous jeûne un jour, qu’il s’abstienne ce jour-là de propos indécents et de cris. Si quelqu’un l’insulte ou s’en prend à lui, qu il dise: «Je suis un homme qui jeûne, je suis jeûneur». Par Celui qui tient l’âme de Muhammad en Sa Main, en vérité l’haleine qui sort de la bouche du jeûneur sera plus parfumée pour Allah, au Jour de la Résurrection, que le parfum du musc. Deux joies appartiennent au Jeûneur: quand il rompt son jeûne, il se réjouit de sa rupture (bi-fitri-hi) et quand il rencontre son Seigneur -qu’Il soit glorifié et magnifié !- il se réjouit de son jeûne (bi-sawmi-hi)».» Sache que le jeûneur rencontre son Seigneur au moyen de la qualification «rien ne Lui est semblable» : d’une part, l’Envoyé a nié toute comparaison possible avec le jeûne -selon le hadîth de Nasâ’î qui a été cité plus haut-, de l’autre (selon ce que le Coran dit de) Dieu, «rien ne Lui est semblable». Il Le voit donc par Lui-même, Dieu est à la fois «Celui qui voit» et «Celui qui est vu». C’est pourquoi il a dit -qu’Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix !- : «il se réjouit de son jeûne» et non «il se réjouit de la rencontre de son Seigneur» car la joie ne se réjouit pas d’elle-même; elle est ce par quoi l’on se réjouit. Celui dont Dieu est le regard quand il Le voit et Le contemple, ne se voit lui-même (nafsa-Hu) que par Son Regard : la joie du jeûneur tient à son rattachement au degré de la «non-similitude» ! Ici-bas, en revanche, il se réjouit de la rupture (fitr) en accordant son droit à l’âme animale qui, par sa constitution même, y réclame la nourriture. Lorsque le Connaissant voit ce besoin qu’a son âme animale et végétative, qu’il voit avec quelle générosité il lui apporte sa nourriture, et que c’est un droit en sa faveur qu’Allah lui a mis à charge, il remplit cette fonction en vertu d’une qualité divine; il donne par la Main d’Allah, tout comme c’est par l’Œil d’Allah qu’il voit Dieu lorsqu’il Le rencontre. C’est pourquoi il se réjouit de Sa Rupture (3) tout comme il se réjouit de Son Jeûne lorsqu’il rencontre son Seigneur. Le jeûne est attribué au serviteur qui mérite de ce fait le nom de jeûneur; puis, en dépit de cette attestation, Dieu le lui retire et Se l’attribue à Lui-même en disant: «...à l’exception du jeûne, car celui-ci est à Moi», c’est-à-dire: «l’Attribut as-Samad, qui indique l’indépendance (tanzîh) à l’égard de la nourriture, n’appartient qu’à Moi; si Je te l’attribue, il exprime uniquement un aspect conditionné de la transcendance (tanzih), non la Transcendance absolue qui ne convient qu’à Ma Majesté». C’est Allah qui est le Prix du jeûne quand le jeûneur retourne vers son Seigneur et le rencontre avec la qualification «rien ne Lui est semblable», c’est-à-dire avec le jeûne. En effet, ne peut voir «Celui à qui rien n’est semblable» que «celui à qui rien n’est semblable» comme l’a précisé Abû Tâlib al-Makkî, l’un des Maîtres des «Gens du Goût initiatique» (ahl adh-Dhawq). «Celui dans le sac duquel Il sera trouvé servira Lui-même de Prix» : comme ce verset s’impose en cette occurrence !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire