Le silence

(Al Samt) Le silence est de deux sortes: «silence de la langue», consistant dans l’abstention de parler autrement que par Allah (bighayri Allah) ou «avec un autre qu’Allah» (ma’a ghayri Allah), ces deux conditions étant solidaires; «silence du coeur», consistant dans le rejet de toute pensée survenue dans l’âme et traitant de choses créées. Celui dont la langue se tait, même si son coeur ne se tait pas, allège son fardeau; celui dont la langue et le coeur se taisent tous les deux, purifie son «centre secret» (sirr) et son Seigneur s’y révèle; celui dont le cœur se tait, mais dont la bouche parle, prononce les paroles de la Sagesse; mais celui dont ni la langue ni le coeur ne se taisent est objet de Satan et soumis à sa domination.Le silence de la langue est un des traits ordinaires de tous les hommes spirituels (al’âmma) et de tous les maîtres de la voie (arbâbu-assoulouk). Le silence du coeur est parmi les caractères distinctifs des «rapprochés» (almouqarraboûn) qui sont des gens de contemplation. Le hâl (l’état) que le silence assure aux «progressants» (assâlikoûn) est la préservation des malheurs, et celui qu’il favorise chez les «rapprochés» est l’entretien dans la familiarité seigneuriale. Celui qui observe le silence en tout état et sous tous les modes, n’a d’entretien qu’avec son Seigneur, car il est évident qu’un silence absolu est impossible pour l’homme en son âme; mais en se détachant de la conversation avec les autres vers l’entretien avec son Seigneur, il devient un confident «rapproché», bien assisté dans sa parole; et s’il parle ensuite, il le fait selon la justice, car il parle «selon Allah» ainsi qu’on le voit dans ce qu’Allah dit au sujet de Son Prophète: «Et il ne parle pas selon la passion» (Coran, 53, 3). La parole juste est fruit du silence en tant qu’abstention de fauter (par la parole). La parole «avec un autre qu’Allah» est une faute en tous cas, de même que la parole «autrement que par Allah» est un mal sous tous les rapports. Allah dit: «Dans beaucoup de leurs entretiens il n’y a pas de bien, excepté celui qui ordonne de faire l’aumône, ou ce qui est acceptable, ou ce qui rétablit le bon ordre parmi les hommes» (Coran, 4, 114).

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