Pourquoi jeûner ?

Je ne sais quand les chrétiens d’Alexandrie ont pensé aux 36 jours, à l’encontre de la pratique de Rome, mais il convient de mentionner quelques paroles du Prophète de l’Islam : "Il y a impôt sur chaque chose, sur le corps étant le jeûne" (cf. Ibn Mâhah nº 1745). Et encore : "Quiconque jeûne tout le mois de Ramadhan et y ajoute encore 6 jours dans le mois suivant, Chawwâl, c’est comme s’il jeûnait toute une année." (cf. Ibn Mâjah n 1715). Le Coran (VI, 160) a bien dit : "Quiconque viendra avec un bien, à lui alors dix autant". Le mois lunaire (isalamique) compte de 29 à 30 jours, et l’année lunaire 355 jours (1) en chiffres ronds. Si on jeûne pendant une année 29j + 6j = 35j et une autre année 30j + 6j = 36j, ces jours, multipliés par dix, donneront alternativement 350 j et 360 j, soit une moyenne de 355 j, c’est-à-dire le nombre de jours de l’année.Une autre méthode de calcul est suivante : 1 mois = 10 mois (puisque recomposé à 10 fois sa valeur) ; 6 jours = 60 jours = 2 mois ; 10 mois + 2 mois = 12 mois (nombre de mois de léannée entière). Le jeûne n’incombait aux chrétiens qu’à l’âge de 21 ans. A la fin du 4e siècle, le jeûne pouvait être rompu aussitôt après la 9e heure (depuis le lever du soleil) c’est-à-dire 3 heures de l’après-midi, "moment où Jésus expira" (La Grande Encyclopédie, s.v. Carême). "Un capitulaire de Charlemagne portait peine de mort contre les infractions à la loi du Carême" (Idid). Chez les Indiens Peaux-Rouges de l’Amérique : au méxique, les chefs religieux jeûnent 160 jours (cf. La Grande Encyclopédie, s.v. le jeûne). Dans certaines religions, le jeûne était prescrit au printemps afin de diminuer les viols, très fréquents à cette époque. Rappelons au passage cette citation du Saint Prophète Mohammad : "O jeunes gens, celui d’entre vous qui est capable d’entrer en ménagée doit se marier ; quant à celui qui n’en a pas les moyens, qu’il jeûne, le jeûne lui est calmant" (Bukhâri, 67/2). Hindouisme : les brahmanistes de l’Inde jeûnent religieusement lors des jours qu’ils considèrent comme importants : à l’anniversaire des fondateurs de leur religion, aux éclipses de lune ou de soleil... Ils s’abstiennent de s’alimenter jusqu’à 3 heures de l’après-midi. D’aucuns se contentent de modifier leurs habitudes : ils prennent du lait au lieu de pain. Bouddisme : on peut dire que c’est l’hindouisme réformé. Seuls les lamas (moines) jeûnent chez eux parfois, jamais les masses. Ce rapide tour d’horizon suffit à démontrer le bien-fondé de la déclaration du Saint Coran : "Hô, les Crayants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, peut-être seriez-vous pieux ! — pendant des jours comptés...". Le jeûne existe donc bien aussi, dans les religions hindoue, bouddhiste et autres, mais nulle part il n’est observé comme il l’est chez les musulmans. Un autre trait curieux dans ce verset prescrivant le jeûne, et qui attire notre attention, c’est son ton d’imprécision apparente : "Peut-être seriez-vous pieux... et peut-être seriez-vous reconnaissants". Pourquoi cette hésitation ? Il y a là une particularité du style coranique que l’on retrouve à maintes et maintes reprises. Il en découle au moins deux idées : tout d’abord, la Toute-Puissance absolue de Dieu : en effet, Dieu peut faire ce qu’Il veut sans contrainte, et malgré le culte que nous lui rendons, Il n’est pas tenu de nous accorder ce que nous souhaiterons, en second lieu, le libre arbitre de l’homme : Dieu, à travers le Coran, nous dispense Son Enseignement, mais il dépend de nous d’apprendre ou de ne pas apprendre. L’argument contenu dans le verset relatif aux effets du jeûne peut inspirer la crainte de Dieu aux uns, tandis que les autres persévéreront dans leur obstination.

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