PREMIÈRE ALLÉGATION



Pour justifier les altérations et contradictions dans la bible les chrétiens essaient d'avancer des arguments pour expliquer ces contradiction, cepandant il est facile de répondre a ces pseudo-arguments :


PREMIÈRE ALLÉGATION


Que les Musulmans ont été les premiers, et sont les seuls, qui mettent en doute l'intégrité du texte des Ecritures


Les théologiens protestants essaient souvent d'insinuer que les Musulmans ont été les premiers, et sont les seuls, qui mettent en doute l'intégrité du texte des Ecritures. Ils traitent cette assertion de notre part, péremptoirement comme inadmissible, et ne la discutent pas dans leurs livres de controverse avec nous. Nous allons voir, ce qu'il y a de vrai dans cette allégation de nos adversaires. Je dis, donc, que cette thèse a été soutenue, de tout temps par les Chrétiens et les Juifs eux-mêmes ; mais avant de m'engager dans cette démonstration, je fixerai le sens des deux mots. « Errata » et « Variantes », qu'on trouve fréquemment dans les ouvrages de théologie.


Horne dit (vol. II. p. 325, éd. de 1822) : Errata veut dire une faute dans le texte provenant d'une erreur du copiste ; la variante est une leçon différente de celle donnée par le texte ; et comme l'a dit Michaëlis, il n'y a qu'une seule variante qui soit bonne, les autres étant l'œuvre d'un copiste peu attentif ou d'un faussaire. Mais cette distinction n'étant généralement pas facile à faire, on dira variante toutes les fois qu'il y a doute entre plusieurs leçons, et errata lorsqu'il est prouvé que le copiste a mal écrit".
Ainsi, laissant de côté le sens que ces messieurs donnent au mot Errata, je dis que leur définition de la variante est précisément ce que, nous autres Musulmans, nous entendons par Tahrif (altération) ; car du moment qu'il y a deux ou plusieurs mots différents, qui influent sur le sens précis d'une phrase, cette phrase ne peut être qu'altérée. Or d'après le Dr. Mill, il y aurait trente mille variantes dans les Evangiles ; Griesbach porte le nombre de ces variantes à cent cinquante mille. Mais Scholz, qui est le plus récent, dit que le nombre n'en est pas encore fixé d'une manière définitive. Il est dit dans l'Encyclopédie Britannique, au mot "Scriptures", que Wetstein a réuni plus d'un million de variantes !.
Ce point établi, je vais citer les exemples qui concourent à prouver que l'altération est admise par ces messieurs, et je les diviserai en trois classes. Dans la 1ère je citerai le témoignage de ceux que les Chrétiens appellent infidèles ; dans la 2ème , le témoignage des sectes que les Catholiques et les Protestants appellent hérétiques ; et dans la 3ème , des exemples admis par les Catholiques et par les Protestants, ou ce qui revient à peu près au même, par les orthodoxes.


PREMIÈRE CATÉGORIE- Témoignage des Infidèles


Celsus, savant païen du 2ème siècle, a écrit un livre contre la religion chrétienne, où il est dit que "les Chrétiens ont changé leurs Evangiles trois ou quatre fois, et même plus". Ce polythéiste affirme que jusqu'à son époque, les Evangiles avaient déjà subi plusieurs remaniements ; rien de plus précis que ce témoignage. Il serait trop long de citer ici tous les passages des auteurs appelés infidèles par les Chrétiens, et qui sont des libres penseurs qui ne croient ni à la mission des Prophètes, ni à la Révélation, et dont le nombre est considérable dans toute l'Europe. Je ne mentionnerai que deux de ces ouvrages.


Parker dit : "Les Protestants prétendent qu'une série de miracles a préservé, dans toute son intégrité, le texte de l'Ancien et du Nouveau Testament. Mais comment serait-il désormais possible de soutenir une pareille thèse, en présence d'une armée de trente mille variantes ?" Remarquez avec quel air moqueur, cet écrivain démontre l'absurdité de l'allégation des Chrétiens . Il ne s'est servi que du relevé du Dr. Mill ; il aurait pu dire une armée du cent cinquante mille, et même une armée d'un million.
L'auteur de l'Ecce Homo donne (chap. V. éd. de 1813, Londres) la liste des livres attribués par les anciens Chrétiens, au Christ et aux Apôtres. On y trouve le nom de sept livres attribués à Jésus ; huit celui de Jean ; deux celui d'André ; deux celui de Matthieu ; quinze celui d'André ; deux celui de Matthieu ; quinze celui de Paul. L'auteur ajoute . "Quand on se voit inondé par cette masse énorme d'Evangiles, d'Actes, d'Epîtres et d'Apocalypses, et dont quelques-uns sont encore tenus pour authentiques par un grand nombre de Chrétiens de nos jours, comment est-il possible de prouver que les seuls livres authentiques sont ceux que les Protestants reconnaissent ? Et si nous considérons, en outre, que ces derniers, avant l'invention de l'imprimerie, étaient aussi sujets à la corruption et à la falsification que les autres, notre embarras doublera".


SECONDE CATÉGORIE. - Témoignage des Hérétiques.


Les Ebionites étaient une secte juive du 1er siècle, adversaire acharnée de Paul, qu'elle traitait d'apostat. Elle acceptait l'Evangile de Matthieu, mais elle soutenait que le texte, reçu maintenant parmi les adeptes de Paul, n'était pas celui qu'avait composé l'Evangéliste ; et que les deux premiers chapitres, et une foule de versets dans les autres chapitres, sont interpolés. Les adeptes de Paul renvoient la bal le à cette secte en l'accusant d'avoir elle-même corrompu le texte de Matthieu. Bell dit, dans son histoire de cette secte : "Les Ebionites n'admettaient des livres de l'Ancien Testament que le Pentateuque ; elle avait horreur des noms de David, de Salomon, de Jérémie, d'Ezéchiel ; et des livres du nouveau, que l'Evangile de Matthieu, qu'ils avaient interpolé, en plusieurs endroits, et duquel ils retranchaient les deux premiers chapitres".


Les Marcionites,
secte non moins ancienne que les Ebionites, rejetaient, eux aussi, tous les livres de l'Ancien Testament, dont ils refusaient de reconnaître l'inspiration ; ils rejetaient de même tout le Nouveau Testament, à l'exception de l'Evangile de Luc, dont, cependant, ils retranchaient les deux premiers chapitres, et de dix Epîtres de Paul, dont ils rejetaient aussi tous les passages contraires à leurs principes (vid. Bell Loc. cit.). J'ajoute à ce que dit Bell, que les Marcionites ne se contentaient pas de rejeter de l'Evangile de Luc les deux premiers chapitres seulement, mais bien autre chose encore.
Lardner dit, en exposant les endroits de l'Evangile de Luc qui étaient rejetés par cette secte : "Les endroits interpolés ou altérés dans cet Evangile étaient les suivants, d'après les Marcionites : les deux premiers chapitres, le baptême de Jésus par Jean Baptiste, la généalogie de Jésus au chap. III, la tentation de Jésus, l'entrée de Jésus au temple et sa lecture d'Isaïe, chap. IV., les versets 30-32, 49-51, du chap. XI. avec ce passage du verset 29 du même chap. 'sinon le signe de Jonas le prophète' ; les ver. 6, 28 du chap. XII. les ver. 16 du chap. XIII. ; les ver. 11-32 du chap. XV. ; 31-33 du chap. XVIII. ; 28-46 du chap. XIX. ; 9-18 du chap XX. ; 8, 21, 23 du chap. XXI ; 16, 35, 36, 37, .43 du chap. XXIII. ; 26 et 28 du chap. XXIV. Ces 50, 51 du chap. XXII. , détails nous sont donnés par Epiphane". Le Dr. Mill dit, à son tour, que les Marcionites rejetaient aussi les versets 38-39 du chap. IV".
Lardner dit en outre (vol. III) sur la foi d'Augustin, à la fin de l'article où il expose les principes des Manichéens, que Faustus, un des plus grands docteurs de cette secte au 4e siècle, avait coutume de dire : "Je repousse tout ce que vos ancêtres ont par tricherie ajouté au texte du Nouveau Testament, qu'ils ont défiguré et corrompu, car il est certain que ce Nouveau Testament n'est ni l'œuvre du Christ ni l'œuvre des Apôtres ; mais c'est 1'oeuvre d'un homme inconnu, demi-Juif, qui l'a attribué aux Apôtres du Christ et à leurs disciples, pour lui donner une plus grande autorité. Il a fait aux Chrétiens un tort immense en leur donnant des livres remplis de fautes et de contradictions. Ainsi, dès le 4e siècle de l'ère chrétienne un homme illustre, par son savoir, proclamait que les adorateurs de la Trinité avaient corrompu le Nouveau Testament, et que celui qu'ils possédaient n'était pas l'œuvre des Apôtres ou de leurs disciples, mais d'un faussaire inconnu. Bien que ce savant appartienne à une secte considérée comme hérétique, ses assertions n'en sont pas moins vraies pour cela.
Nous avons vu plus haut que Norton est auteur d'un ouvrage où il démontre que le Pentateuque n'est pas de Moïse, et que l'Evangile qui porte le nom de Matthieu n'est qu'une traduction très altérée d'un original hébraïque. Celui qui désire approfondir cette question n'a qu'à consulter cet ouvrage. On voit donc que, depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours, les différentes sectes chrétiennes, que les adorateurs de la Trinité considèrent comme hérétiques. de même que les auteurs mentionnés dans la 1 ère catégorie et que les Chrétiens appellent infidèles, ont toujours soutenu que le texte des Ecritures est altéré


TROISIÈME CATÉGORIE. - Témoignage des Orthodoxes


Je citerai maintenant les opinions des théologiens les plus réputés parmi les Chrétiens.


1) Adam Clarke dit (vol. V. p. 369 ) . "Les hommes qui ont joué un grand rôle dans !e monde ont, naturellement, attiré l'attention des historiens d'une manière spéciale. C' est le cas de notre Seigneur, qui a eu beaucoup de biographies ; mais les erreurs, les omissions, les méprises, volontaires ou involontaires, abondent dans ces récits, surtout dans ceux qui ont été composés dans le pays où a été rédigé l'Evangile de Luc. C'est pourquoi le St.-Esprit a voulu faire connaître à Luc tous les faits authentiques de la vie de notre Seigneur, afin que les Chrétiens en aient un récit sincère et complet". Ainsi, ce célèbre critique de la secte protestante, reconnaît ici l'existence de plusieurs faux Evangiles avant que Luc eût composé le sien, et que ces Evangiles contenaient des erreurs, des omissions, et des méprises volontaires ou involontaires, ce qui prouve que leurs auteurs étaient des hommes de peu ou de mauvaise foi.
2) Paul dit (Galat. 1. 6, 7) : "Je m'étonne qu'en abandonnant celui qui vous avait appelés à la grâce de Jésus Christ, vous avez passé si promptement à un autre Evangile. Non qu'il y ait un autre Evangile ; mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l'Evangile du Christ". Trois choses résultent des ces paroles :
1)
Qu'il y avait du temps des Apôtres un Evangile appelé l'Evangile du Christ
2) Qu'il y avait aussi, du vivant de ce champion sanctifié, un autre Evangile différent de l'Evangile du Christ
3) Que les corrupteurs étaient déjà en train de falsifier l'Evangile du Christ, du temps même de ce champion sanctifié ; indépendamment des falsifications ultérieures, qui n'ont laissé au véritable Evangile du Christ que le nom.


Adam Clarke, en commentant ce passage de Paul, dit : "Il est certain que dans les premiers siècles de l'Eglise, il y avait une foule d'Evangiles apocryphes ;c' est même à cause de cela que Luc a rédigé son Evangile ; on compte plus de soixante dix écrits de cette espèce que Fabricius a réunis et publiés en trois volumes, et où les prescriptions Mosaïques, telles que la circoncision, se mêlent aux préceptes du Christianisme . et c' est à un de ces Evangiles que l'Apôtre fait allusion ici". De l'aveu, donc, de ce commentateur, un grand nombre de faux Evangiles existaient déjà avant l'époque où Luc fit le sien, et avant que Paul écrivit son Epître aux Galates. Et par ces paroles, "c'est à un de ces Evangiles que l'Apôtres fait allusion", il prouve que, dans son opinion, Paul prend le mot Evangile au sens propre, et non au sens figuré, comme l'ont prétendu les docteurs protestants surtout dans leurs controverses avec nous.
Observation. - On a cru avec raison d'après ces paroles de Paul, qu'il y avait un Evangile appelé "l'Evangile du Christ". Cette thèse a été soutenue par Eichhorn, par Le Clerc, Michaëlis, Lessing, Niemayer, Marsh. comme nous l'avons vu déjà.
3) On lit dans la 2ème Corinth. (XI. 12, 13 ) . "Mais ce que je fais et ce que je ferai encore, c'est afin d'ôter tout prétexte à ceux qui ne cherchent que des prétextes ; et afin qu'il se trouve qu'ils n'ont aucun avantage sur nous, dans les choses dont ils se vantent. Car ces sortes de faux Apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en Apôtres du Christ". Aussi ce champion des Chrétiens proclame hautement que de son temps il y avait déjà "des faux Apôtres" qui se déguisaient en " Apôtres du Christ".


Adam Clarke dit (ad .loc.} : "Ces imposteurs prétendaient être Apôtres de notre Seigneur, et ils ne l'étaient pas ; qui feignaient de faire les travaux de la prédication, mais ils n'avaient en vue que leur avantage personnel.


4) Voici ce qu'on lit dans la 1ère Ep. de Jean (IV. 1 ) . " Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s'ils viennent de Dieu ; car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde ". Jean répète, on le voit, les déclarations de Paul contre les imposteurs et les faux prophètes qui abondaient de son temps. A ce propos Adam Clarke dit (ad h. loc ) .. "Dans les premiers temps chaque prédicateur (ou maître) prétendait être inspiré par le St.-Esprit, parce que tous les prophètes ont prouvé leur mission par cette prérogative (ou ce don) ; et le mot esprit était employé pour désigner l'homme qui prétendait être sous l'influence du St.Esprit, ou prêcher par son inspiration. 'Eprouvez les esprits' veut dire :mettez ces maîtres à l'épreuve ; et les paroles 'car plusieurs faux prophètes signifient : les hommes non-inspirés par l'Esprit de Dieu (qui s'étaient répandus) surtout parmi les Juifs". Ces paroles prouvent qu'à cette époque tout maître prétendait à l'inspiration divine ; et les précédentes, que ces sortes d'imposteurs étaient alors très nombreux.
5) Outre le Pentateuque actuel, on attribue à Moïse six autres livres, c'est-à-dire : les Visions. la Petite Genèse. l'Ascension, le livre des Mystères, le Testament, et la Confession. La Petite Genèse en hébreu existait encore au 4e siècle : Jérôme et Cédrénus en ont beaucoup profité, et la citent souvent ; Origène dit même que Paul a pris dans ce livre le verset 6 du chap. V. et le verset 15 du chap. VI. de son Epître aux Galates ; la traduction de la Petite Genèse existait encore au 16e siècle, époque à laquelle le Concile de Trente la déclara apocryphe. C'est étonnant que cette facilité avec laquelle les Chrétiens acceptent ou rejettent les livres sacrés de leurs religion ; il paraît qu'il en est de ces livres comme de leurs lois et règlements politiques, qu'ils changent ou maintiennent selon leur convenance. Le livre de l'Ascension jouissait d'une grande considération parmi les premiers Chrétiens ;
Lardner dit (vol. 11. p. 512) que "d'après Origène Jude a pris dans ce livre le verset 9 de son Epître". Tous ces livres sont considérés maintenant comme apocryphes, mais les versets qui en ont été insérés dans les livres reconnus comme authentiques, n'en sont pas moins maintenus comme inspirés. Horne dit :"On croit que ces livres apocryphes ont été écrits dès les premiers temps du Christianisme". C'est donc au 1er siècle que ce commentateur place la composition des faux livres.
6) Mosheim dit (vol. I. p. 65, éd. 1832 ) . "Les disciples de Platon et de Pythagore soutenaient qu'il n'était pas seulement légitime de tromper et de mentir. dans la cause de la vérité et de la piété, mais que c' était, même louable. Les Juifs qui vivaient à Alexandrie apprirent d'eux ce sentiment avant l'ère chrétienne, comme il résulte de plusieurs preuves. Et des deux, ce vice s'est répandu parmi les Chrétiens. Celui qui considère la grande quantité de livres forgés et attribués à des hommes éminents, ne saurait douter de ce fait. Avec une pareille doctrine comment s'étonner des falsifications et des interpolations qu'on a fait subir aux livres de l'Ecritures ?"
7)
Eusèbe dit : (Justin le Martyr) cite, dans sa dispute contre Triphon, certaines déclarations prophétiques, et démontre que les Juifs les ont supprimées de leurs livres". Watson dit (vol. III. p. 32) : "Je ne doute pas que les passages, cités par Justin contre Triphon, et qu'il accuse les Juifs d'avoir supprimés, n'existassent dans les textes hébraïques et grec du temps de Justin et d'Irénée, bien qu'on ne les trouve plus dans les textes que nous possédons ;et notamment le passage que Justin dit qu'il se trouvait dans le livre de Jérémie. Sylburgius dans ses annotations sur Justin, et Dr. Grabe dans ses annotations sur Irénée, disent que quand Pierre écrivit le 6e vers. du chap. IV. de sa 1ère Epître il avait en vue cette prophétie".
T. H. Horne dit (vol. IV. p. 62) : "Il y a, dans la conférence de Justin avec le Juif Tryphon, un passage extraordinaire, concernant le sens typique de la pâque, dans lequel Esdras en explique le mystère comme se rapportant clairement au Christ ; et que Justin accuse les Juifs d'avoir supprimé de leurs livres dès les premiers temps comme favorisant trop le Christianisme. Ce passage peut être traduit ainsi :Esdras dit au peuple : 'Cette pâques est notre sauveur et notre refuge ; si vous la comprenez et l'appréciez dans vos cœurs, que nous allons l'humilier par ce signe et qu'ensuite nous croirons en lui, alors ce lieu ne sera pas rendu désert, dit ce Seigneur des armées. Mais si vous ne croyez pas en lui, ni en ses prédications, vous serez la risée des Gentils' .
Whitaker croit que ce passage devait se trouver entre les vers. 19 à 22, probablement entre le 20 et 21 e. Le Dr. A. Clarke est disposé à en admettre l'authenticité". On voit par ces passages que Justin, martyr et docteur réputé de l'Eglise primitive, accusait les Juifs d'avoir supprimé une foule de prophéties se rapportant au Messie ; et cette accusation est confirmée par les docteurs modernes que je viens de mentionner. De plus, selon Watson, ces prophéties existaient encore dans les textes hébraïque et grec du temps de Justin et d'Irénée, quoique elles ne se trouvent plus dans les copies existantes. Il s'ensuit, de deux choses l'une : Ou bien que ce grand saint et docteur des Chrétiens, et les cinq commentateurs modernes qui soutiennent son opinion ont défiguré la vérité, en vertu du principe de Platon et de Pythagore noté ci-devant, ou bien que les Juifs ont réellement supprimé les passages dont il s'agit. Dans les deux cas l'objection contre l'intégrité du texte sacré demeure toute entière.
8) Lardner dit (vol. V. p. 124) : "Le texte des Evangiles fut déclaré corrompu par des critiques ignorants, du temps de l'Empereur Anastase, qui en ordonna la révision". Si à l'époque désignée par Lardner les Evangiles étaient universellement considérés comme inspirés, et s'il y avait une chaîne non interrompue de traditions authentiques remontant aux Apôtres, et prouvant que les Evangiles étaient vraiment de leur composition, l'ignorance attribuée à ces anciens critiques n'aurait pas eu de raison d'être, et l'Empereur Anastase n'aurait pas ordonné la révision des dits Evangiles. Dans tous les cas il est certain que ces textes furent revus, qu'on en corrigea les erreurs et les contradictions, ce qui constitue l'altération du texte. Dieu merci, nous pouvons maintenant déclarer faux ce qu'affirment les théologiens protestants, c'est-à-dire, que jamais le texte des Ecritures n'a été modifié. C'est une nouvelle confirmation de ce qui a été dit par Eichhorn et par d'autres savants allemands.
9) Nous avons vu plus haut ( 1e sect. 2e pr.) qu'Augustin et les premiers Chrétiens accusaient les Juifs d'avoir altéré le texte des Ecritures, afin qu'il ne correspondit pas à la version grecque. Cette accusation, qui date de l'année 130, est confirmée par Hales et Kennicott ; Hales a même prouvé l'authenticité du texte samaritain.
10) On a vu (ibid. 3e pr.) que Kennicott croit que le texte le plus correct est le Samaritain ; les arguments donnés par ce savant sont irréfutables aux yeux de bien des gens, qui affirment que les Juifs ont altéré leur texte par haine pour les Samaritains.
11) Nous avons cité (ibid. 1 le pr.) ce que dit Adam Clarke au sujet de la corruption des livres historiques de l'Ecriture, c' est à dire, que les passages altérés y sont très nombreux, et qu'il vaut mieux admettre sans détours ce qu'on ne saurait espérer démentir.
12) On a vu (ibid. 22e pr.) que, d'après Adam Clarke, le verset 4 du chapitre 64 d'Isaïe, est corrompu dans le texte hébraïque et dans la version grecque, et qu'il y a raison de croire à une altération intentionnelle de ce passage de la part des Juifs, ainsi qu'on l'a supposé pour d'autres passages de l'Ancien Testament cités dans l'Evangile.
13) On a vu (ibid. 23e pr.) que, d'après Horne, onze versets avaient été corrompus intentionnellement dans différents livres de l'Ecriture.
14) Nous avons vu (2e sect. le pr.) que les Catholiques admettent l'inspiration de sept livres, cités au dit paragraphe, ainsi que l'authenticité de la traduction latine, et que les Protestants rejettent ces livres comme corrompus et non inspirés ; ils disent de la traduction latine, que de nombreuses altérations y ont été introduites du 5e au 15e siècle, et qu'il n'y a point de texte aussi corrompu que celui de cette traduction, où des copistes ignorants ont, par mégarde, transporté des versets entiers d'un livre à l'autre, et confondu avec le texte des notes qui se trouvaient en marge ; admise par l'Eglise romaine. elle est, d'après les Protestants, pleine de fautes et de contresens.
15) J'ai rapporté (ibid. 26e pr.) ce que dit Adam Clarke, d'après Kennicott, au sujet de l'habitude qu'avaient prise les juifs, du temps même de Josèphe, d'orner leurs livres en y ajoutant des prières, des cantiques et des anecdotes ; j'ai cité comme exemple de cette pratique le livre d'Esther .l'épisode relatif au vin, aux femmes, et à la vérité, ajoutés au livre d'Esdras et de Néhémie, qu'on désigne maintenant par 1er Esdras ; le cantique des trois jeunes gens, dans le livre de Daniel, et les nombreuses additions faites à l'histoire de Josèphe. Comme ces additions avaient pour objet d'orner leurs livres, ils doivent s'y être livrés sans restreinte, surtout en vertu de l'habitude platono-pythagorienne mentionnée ci-dessus.
16) On a vu (ibid. 1e pr.) qu'Adam Clarke dit que. d'après plusieurs théologiens dignes de confiance, le texte samaritain est celui qui mérite le plus de foi pour les cinq livres de Moïse.
17) Nous avons vu (3e sect. 12e pr.) Que les protestants considèrent le résumé qui se trouvent à la fin du livre de Job, dans la version grecque, comme apocryphe, bien qu'il fût antérieur à l'époque du Christ, et qu'il existât dans la traduction faite au temps des Apôtres, et qu'il ait été reçu par tous les Chrétiens primitifs.
18) Nous avons cité (ibid. 19e pr.) l'opinion de Chrysostôme que les Juifs avaient égaré une partie des livres saints par négligence, et détruit d'autres de propos délibéré par leur peu de foi (ou irréligion), et l'opinion de ce père est l'opinion, préférée, de la secte catholique.
19) Horne dit (vol. II) au sujet de la version grecque : "Cette version est fort ancienne. Elle jouissait d'une grande autorité parmi les Juifs et les anciens Chrétiens, et était lue dans les cérémonies religieuses de deux partis. Tous les pères de l'Eglise latine et grecque ont constamment suivi cette version qui a servi de base à toutes les traductions, sauf la Syriaque". Il ajoute : "Il est certain pour moi que cette version remonte à 285 ou 286 avant Jésus Christ". Il dit ensuite : "Pour démontrer toute l'autorité dont jouissait cette version, il suffit de dire que les auteurs du Nouveau Testament n'en citent pas d'autre.
Aucun des pères, à l'exception d'Origène et de Jérôme, ne connaissait l'hébreu, ils étaient ainsi obligés de suivre les auteurs inspirés, et d'adopter en tout point leur interprétation. L'Eglise grecque avait la plus grande vénération pour cette version. Cette traduction était adoptée par l'Eglise grecque et la latine jusqu'en 1500, et même dans les synagogues juives ; mais au commencement du 1er siècle, lorsque les Chrétiens se prévalurent de cette version contre eux, les Juifs prétendirent qu'elle n'était pas conforme au texte hébraïque. Au commencement du 2ème siècle, ils avaient déjà supprimé une foule de versets de cette version qu'ils finirent pas abandonner tout à fait pour celle d'Aquila de Sinope".
Thomas Ward dit aussi : "Les hérétiques d'Orient ont corrompu cette version". Ainsi le théologien protestant avoue que les Juifs ont altéré cette version, parce que les Chrétiens commençaient à s'en faire une arme contre eux ; le théologien catholique dit la même chose. Les Chrétiens ne sauraient donc nier que le texte de cette version a été altéré, et altéré intentionnellement. Si un texte aussi connu, aussi généralement adopté, que celui de la version grecque, a pu être corrompu ainsi, comment ne pas admettre que l'original hébraïque, moins connu et moins répandu que la version grecque, l'ait été aussi, soit que cette corruption ait eu pour but, comme l'ont dit Augustin, Ad. Clarke, Horne, de démentir les affirmations des Chrétiens, ou, comme l'ont dit Kennicott et d'autres savants protestants. de diminuer le crédit de la Samaritaine, ou, enfin, les rivalités qui existaient au premier siècle parmi les différentes sectes, comme nous l'avons déjà vu ?
Un docteur juif qui se convertit à l'Islam sous le règne de Bajazet, et qui prit le nom d'Abd-Essalam, a écrit un petit traité contre les Juifs, intitulé "Errisala-El-hadia" ; dans la troisième partie de cet ouvrage, il dit, entre autres choses : "Sache que dans un des commentaires les plus autorisés de la Bible, que les Juifs appellent Talmud, il est dit que Ptolémée demanda aux docteurs juifs de lui faire connaître leur loi, mais ceux-ci voyant que leurs lois étaient sur quelques points, contraires à celles du roi, nommèrent un comité de soixante-dix personnes qui changèrent les passages qui auraient pu déplaire au roi.
Dans un tel état des choses comment ajouter foi aux textes qui nous sont transmis par les Juifs ?" Je puis demander aux savants catholiques : s'il est vrai que les hérétiques des Eglises orientales ont pu réussir à corrompre ce texte qui était lu dans toutes les Eglises de l'Orient et de l'Occident, et surtout dans la vôtre, pendant quinze cents ans, d'après Horne, comment vous disculperez-vous de l'accusation que les Protestants portent contre vous ; c'est-à-dire, que vous avez, vous aussi, corrompu la version latine qui se lisait dans vos églises ? Non, par Dieu . Vous ne le pouvez pas. Leur accusation est juste.
20) On lit dans la "New Cyclopaedia" du Dr. Rees, au mot "Bible" : "Selon Kennicott les copies de l'Ancien Testament (texte hébraïque ?) que nous possédons ont été écrites entre l'an 1000 et 1400 : c'est que, d'après ce savant, toutes les copies écrites en 70 ou 800 furent détruites par ordre du Grand Conseil adoptées par eux. Walton dit aussi, qu'on trouve fort rarement des copies qui aient plus de 600 ans ; celles qui datent de sept ou huit cents ans sont extrêmement rares". De l'aveu, donc, de ces deux savants, la destruction de toutes les anciennes copies aurait eu lieu deux cents ans après notre Prophète, que le salut soit sur lui. Depuis cette époque, aussi, quand tout les textes authentiques eurent disparu de la face de la terre, et qu'il ne resta entre les mains des gens du livres que les copies altérées selon leurs vues, le champs de l'altération resta encore assez libre jusqu'à l'époque de l'invention de l'imprimerie, et même, après cette invention, les écritures ne furent pas à couvert, comme nous l'avons vu par ce qu'a pu faire Luther et autres ;
21) Horsley dit (ad Lib. Jos. ) . "Il n'y a pas de doute que le texte sacré a été corrompu, ce qui est démontré par la fréquence des variantes. On croit, et il est presque certain, que quelques erreurs des plus frappantes ne sont que des fautes d'impression ; d'ailleurs ces fautes ne sont pas plus nombreuses dans le livre de Josué que dans les autres livres de l'Ancien Testament". Le même auteur dit plus loin (p. 285) : "Il est démontré que du temps de Nabuchodonosor, et même un peu avant, le texte des Ecritures était déjà fort corrompu". Ces affirmations n'ont pas besoin de commentaire.
22) Watson dit (III. p. 283) : "Origène se plaint souvent des variantes qu'il trouvait dans le texte des écritures, et qu'il attribue tantôt à l'ignorance des copistes et tantôt à leur mauvaise foi ou à leur insouciance. Jérôme dit que quand il voulu traduire l'Ancien Testament, il collationna l'une avec l'autre les copies qu'il avait, et y trouva de notable différences".
23) Adam Clarke dit (vol. I. Intro.) : " Avant Jérôme, on avait fait plusieurs traductions latines de la Bible, mais elles étaient extrêmement fautives, et souvent contradictoires".
24) Ward doit (pp. 17, 18) : "Le Doct. Humphrey dit (p. 178) que les suppressions faites par les Juifs dans le texte de l'Ancien Testament sont si évidentes que le lecteur le moins prévenu en est immédiatement frappé. C'est surtout sur les prophéties relatives au Christ que ces altérations ont porté".
25) Philippe Guadagnolus publia en 1644 une réfutation du livre d'Ahmed Ech-Chérif, ben Zéin-el-' abidin d'Ispahan. Il dit au chap. vi : "Il y a beaucoup d'erreurs dans la version Chaldéenne, surtout dans les livres de Salomon. Rabbi Aquila, connu sous le nom d'Onchelos (ou Onkelos), a traduit tout le Pentateuque ; Rabbi Jonathan ben Uziel, Josué, les Juges, les Rois, Isaïe, et les autres prophètes ; Rabbi Youssef A'ama (l'aveugle), les Psaumes, Job, Esther, Ruth, et Salomon. Tous ces traducteurs ont altéré le texte. Nous autres, Chrétiens, nous avons conservé tous ces livres, afin de convaincre les Juifs d'erreur ; nous rejetons leurs falsifications". Ce religieux du 17e siècle était déjà convaincu de l'altération des écritures par le fait des Juifs.
26) Horne dit (vol. I. p. 68) : "Il faut admettre, sur le chapitre des interpolations, que certains passages interpolés ont été trouvés (dans la Bible)". Il ajoute plus loin (vol. II. p. 445) : "Les endroits corrompus dans le texte hébraïque sont en petit nombre ; on n'en a relevé que neuf ainsi que nous l'avons déjà dit".
27) Les Protestants présentèrent au roi Jacques I une pétition pour lui représenter "que les Psaumes qui se trouvent dans notre rituel diffèrent considérablement du texte hébraïque, et présentent plus de deux cents variantes".
28) Carlisle dit : "Que les traducteurs anglais ont perverti le sens, obscurci la vérité, et trompé l'ignorant ; que dans plusieurs endroits ils ont détourné le vrai sens des écritures, et qu'ils montrent qu'il aiment les ténèbres plus que la lumière, le mensonge plus que la vérité".
29) M. Broughton demanda récemment aux Lords du Conseil qu'on fit une traduction nouvelle de la Bible "parce que la version actuellement adoptée en Angleterre fourmille de fautes'. Cette traduction, dit-il altère (corrompt, pervers) le texte de l'Ancien Testament en huit cent quarante-huit endroits, ce qui est cause que des millions de millions rejettent le Nouveau Testament et se précipitent dans les flammes éternelles". J'ai rapporté ce qui précède (N°.27 28, 29) d'après Ward ; et je pourrais citer encore bien d'autres auteurs, mais je crains d'être trop rolixe ; je me bornerai à une seule citation, qui sert à déterminer les différentes causes des altérations.
30) Horne dit (vol. II chap. VIII.) que les variantes qu'on rencontre dans la bible ont quatre causes : "
1) Les fautes de copistes par mégarde, ignorance, ou autres motifs.
2) L'état incomplet ou défectueux de la copie suivie par le scribe.
3) Les corrections conjecturales faites par le copiste, pour rétablir la concordance des textes, ou par ignorance.
4) Les altérations intentionnelles faites pour les besoins de leur cause par un parti ou une secte ; un de ceux qui eurent recours le plus fréquemment à cet artifice est Marcion".
Horne, dont je viens de résumer les paroles, donne des exemples de chaque espèce de variantes ; je ne rapporterai ici que quelques exemples des altérations introduites dans les textes sacrés par l'esprit de secte : ainsi on supprima le verset 43 du chap. XXII. de Luc parce qu'on pensa que l'intervention de l'ange, apparaissant pour fortifier le cœur de Jésus, s'accordait mal avec la nature divine du Christ. On supprima dans Matthieu (I. 18) ces mots " avant qu'ils fussent ensemble ", et V 25) les mots « son fils aîné », pour qu'on ne mît pas en doute la virginité de Marie. On substitua « onze » au mot « douze », dans la première aux Corinthiens (XV. 5), pour réparer une erreur de Paul, car Judas Iscariote était déjà mort.
On supprima les mots " ni le fils " dans quelques MSS. de Marc (XIII. 32), parce qu'on s'était imaginé qu'ils étaient favorables aux vues des Arianistes ; dans la traduction Syriaque, Arabe, Ethiopienne et autres, ainsi que dans un grand nombre des citations des pères, on a ajouté à Luc I. 35 quelques mots en opposition des Eutychiens, qui niaient les deux natures de J.C. (les monophysites). Comment ne pas croire, après cela, que les Chrétiens n'aient supprimé aussi; dans leurs livres, tout ce qui pouvait avoir trait à la religion musulmane.
Seconde et Troisième ALLÉGATION des chrétiens pour justifier les altérations, ommissions et autres et réponses .
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