Les péchés et leur influence sur le jeûne

Le jeûne est un culte visant à purifier l’âme, à revivifier la conscience, à renforcer la foi et à préparer le jeûneur pour qu’il fasse partie des pieux. Le Très Haut dit en effet : « On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à vos prédécesseurs, afin que vous atteignez la piété». C’est pour cette raison que le jeûneur doit préserver son jeûne de tout ce qui pourrait l’entamer, voire le détruire. Il doit ainsi préserver son ouïe, son regard et ses sens de tout ce que Dieu - Exalté soit-Il - a interdit. Il doit garder sa langue chaste : ne pas prononcer de paroles inconsidérées ni obscènes, ne pas proférer d’insultes ni hausser le ton par colère, ne pas répondre à une offense par une offense mais plutôt y répondre avec bonté. Bref, il s’agit de faire du jeûne un bouclier contre le péché et la désobéissance à Dieu d’une part, et contre le châtiment divin dans l’au-delà d’autre part. C’est pour cette raison que nos prédécesseurs ont dit : « Le jeûne valide est celui où les sens s’abstiennent du péché, comme l’estomac et le sexe s’abstiennent de leurs plaisirs. « C’est ce qui est souligné par les nobles hadiths et corroboré par les disciples de l’école prophétique. Le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - dit : « Le jeûne est un bouclier. Lorsque l’un de vous jeûne, qu’il ne prononce pas de paroles obscènes et qu’il ne se mette pas en colère. Si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : « Je jeûne « deux fois. « (hadith consensuel narré par Abû Hurayrah). Le Prophète dit également : «Celui qui n’abandonne pas le mensonge et les mauvaises actions, alors Dieu n’a pas besoin qu’il abandonne sa nourriture ni sa boisson. « (rapporté par Al-Bokhârî dans le chapitre du jeûne). Ainsi les Compagnons et les premières générations de Musulmans s’efforçaient-ils à ce que le jeûne purifiât leurs âmes et leurs sens de tout péché et de toute transgression. Omar Ibn Al-Khattâb disait : «Le jeûne ne consiste pas à se priver de boisson et de nourriture uniquement, mais il consiste également à s’abstenir du mensonge, de la fausseté et des paroles futiles. « L’Ansârite Jâbir Ibn ‘Abd Allâh dit : «Si tu jeûnes, alors fais jeûner ton ouïe, ton regard et ta langue du mensonge et du péché. Ne maltraite pas ton serviteur. Reste calme et serein le jour de ton jeûne et ne fais pas en sorte que le jour du jeûne soit identique au jour de non-jeûne. «C’est pour cette raison que certains Musulmans des premières générations pensèrent que les péchés rompaient le jeûne. Ainsi, celui qui transgresse un interdit par la langue (comme la calomnie, le colportage ou le mensonge), celui qui prête l’oreille à un interdit (comme les grivoiseries ou le mensonge), celui qui regarde avec concupiscence un interdit (comme les parties privées et les éléments sensuels de la femme étrangère), celui qui porte la main vers un interdit (comme l’offense injuste d’un être humain ou d’un animal, comme l’extorsion d’une chose qui ne lui appartient pas), celui qui transgresse un interdit par son pied (comme se diriger vers la désobéissance à Dieu), bref celui qui commet un quelconque interdit, verra son jeûne rompu. La langue rompt le jeûne, l’oreille rompt le jeûne, l’œil rompt le jeûne, la main rompt le jeûne, le pied rompt le jeûne, tout comme le ventre et le sexe le rompent. Telle était l’opinion de certains de nos prédécesseurs : tous les péchés rompent le jeûne ; celui qui commet un péché pendant le jeûne devra par conséquent rattraper. Cette conclusion découle de ce qui a été rapporté au sujet de certains Compagnons et de certains Successeurs. C’est l’opinion adoptée par l’Imâm Al-Awzâ‘î et c’est ce qu’a soutenu Ibn Hazm, disciple de l’Ecole littéraliste (dhâhiriyyah). Quant à la majorité des savants, ils pensent que les péchés n’annulent pas le jeûne, bien qu’ils l’entachent et réduisent le profit que l’on peut en tirer, en fonction de leur gravité. Cela est dû au fait que nul n’est infaillible devant le péché, sauf celui que Dieu a épargné. Cela est d’autant plus vrai en ce qui concerne les péchés de la langue. C’est pour cette raison que l’Imâm Ahmed a dit : « Si la médisance rompait le jeûne, alors nous ne jeûnerions plus. « Cette phrase a été dite par l’Imâm Ahmed, et Dieu sait qui est l’Imâm Ahmed dans sa ferveur, son renoncement à la vie matérielle et sa piété. Que dirions-nous de nous-mêmes dans ce cas si lui-même disait cela ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire